Jean-Michel ARNAUD veut tout ou rien

RAPELLEZ-VOUS c'est en janvier 2006 dans le Dauphiné Libéré.

"Le conseiller général menace de quitter la majorité si le président lui retire certaines de ses délégations. Une décision qui risque de fragiliser le groupe d'Auguste Truphème.

"J'en ai assez des petites phrases assassines et des coups de poignard dans le dos. Ce qui m'importe aujourd'hui c'est de bien faire mon travail" expliquait hier Jean-Michel Arnaud. Maire de Tallard, président de l'association départementale des maires, vice-président de la communauté de communes de Tallard-Barcillonnette, membre de commissions diverses et multiples et président de la fédération départementale de l'UDF... l'élu n'a pas peur du cumul des mandats. C'est justement ce que certains de ses amis de la majorité au conseil général lui reprochent.

Jean-Michel Arnaud n'avait pas l'intention de s'étendre sur cette "affaire" hier. Sa conférence de presse de rentrée était surtout destinée à faire le point sur les projets qui lui tiennent à coeur et qu'il voudrait voir démarrer cette année. Des projets pour certain très ambitieux (voir ci-dessous). Mais l'actualité l'a rattrapée et il a bien été obligé de donner quelques explications.

Pour résumer, le président Truphème et les conseillers de la majorité réfléchissent depuis plusieurs semaines à une redistribution des délégations aux conseillers généraux. Il est ainsi question d'en retirer deux à Jean-Michel Arnaud, en l'occurrence les "Fonds d'équipement des collectivités locales" et le "Fonds d'intervention local" pour lui permettre de mieux s'investir sur les deux autres: les routes et les aérodromes.
Une mesure que l'intéressé a du mal à digérer. "Si le président estime que ce travail est trop lourd pour moi, qu'il fasse ce qu'il a à faire et j'en tirerai les conséquences. Dans ce cas je renoncerai également aux aérodromes et aux routes". Une attitude que le président du conseil général regrette. "Si nous revoyons la répartition des délégations, c'est pour permettre à chacun d'exercer ses compétences. Avec la décentralisation, le conseil général va avoir fort à faire avec les routes et nous avons besoin d'un élu qui ait du temps et qui aille sur le terrain. C'est pourquoi nous envisageons de retirer ces deux délégations à Jean-Michel Arnaud, pour lui permettre de s'investir davantage sur les autres".
Mais ce n'est pas la seule raison. Alain Fardella n'a plus qu'une délégation: le "handicap", depuis qu'il a laissé "les grand évènements" à Christian Séard dans le cadre des Jeux Olympiques. Les deux délégations de Jean-Michel Arnaud pourraient lui revenir. C'est un peu déshabiller Paul pour habiller Jacques... "Non, il est normal de confier des responsabilités à chaque conseiller" rétorque le président Truphème. "Moi-même, j'ai laissé ma délégation, la musique et la danse, à Joël Bonnafoux lorsqu'il n'en avait pas. Je lui ai également confié la présidence du Sdis alors qu'elle revenait de fait au président du conseil général. Bernard Allard-Latour, qui s'occupe de l'agriculture, lui, a laissé toute la partie environnement à Rémi Costorier. Personne n'a fait de vague à l'époque..."
Des arguments que Jean-Michel Arnaud n'entend pas. "Je pense être tout à fait capable de faire correctement mon travail" précise-t-il, bien décidé à garder la tête haute. "Je n'ai pas la réputation d'être un "mouligasse". Si on me retire ces délégations, j'abandonne les deux autres et je quitte la majorité" finit-il par lâcher.

C'est là que ça se complique. Jean-Michel Arnaud avait rejoint les élus de gauche pour empêcher le président Bayrou d'être réélu. Son départ risque de fragiliser l'équilibre relatif de l'assemblée. Des rumeurs disent cependant que Jean-Michel Arnaud parti, un, voire deux membres de l'actuelle opposition envisageraient de rejoindre les élus de la majorité. Des "on dit" qui, évidemment, ne sont confirmés par aucun des camps.
En tout cas, cela n'a pas l'air de traumatiser le président du conseil général. "Il y aura toujours quelqu'un pour reprendre les délégations de Jean-Michel Arnaud s'il les abandonne. Moi le premier". Et s'il quitte la majorité ? "Ça ne m'inquiète pas non plus. Si le budget n'est pas voté, il sera mis sous tutelle de l'État qui tranchera. Au pire il y aura de nouvelles élections. Mais les Haut-Alpins se moquent de cela. Ce qu'ils veulent, c'est qu'on travaille pour eux".

Le président ne tient pas à s'étendre davantage sur le sujet. "Je ne prends jamais aucune décision seul, nous allons discuter de tout cela au sein du groupe". La décision finale doit être prise dans les semaines qui viennent. "